L’affaire Grace Koumayi Bikoyi prend un tournant judiciaire majeur. Après trois jours de garde à vue, la sage-femme et activiste politique a été déférée ce lundi après-midi au parquet de Lomé. Arrêtée à son domicile le vendredi 3 octobre 2025 alors qu’elle revenait d’une réunion au siège du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT), la militante est désormais visée par de très lourdes charges : « appel à la révolte » et « tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État ».
L’interpellation, survenue devant ses enfants, a été vécue comme un véritable traumatisme familial. Selon des témoignages, l’expérience aurait été d’autant plus éprouvante que les agents n’étaient pas en uniforme. Malgré les pleurs des enfants, les officiers, décrits comme imperturbables, l’ont embarquée au SCRIC (Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles), où elle a été détenue dès son arrestation.
Depuis 72 heures, ses enfants sont sous la garde d’une voisine, le benjamin étant même devenu fiévreux depuis vendredi. Ce drame personnel s’ajoute à une situation déjà tendue : en raison de son engagement politique, la plupart des membres de la famille de la sage-femme ont coupé le pont avec elle.
Figure reconnue de la société civile et particulièrement active sur les réseaux sociaux, Grace Koumayi Bikoyi est suivie pour ses prises de position ouvertement critiques.
À travers ses vidéos, elle dénonçait régulièrement la misère que vivent les populations togolaises, citant des localités allant de Pya à Hahotoè en passant par Atakpamé sans oublier Kpomé. Ses récentes publications résonnent avec une actualité locale marquée par des débats persistants sur les conditions de vie et les libertés publiques.
Présentée ce lundi au doyen des juges d’instruction, l’activiste a pris connaissance des chefs d’accusation. « Il lui est reproché d’avoir, à travers des vidéos et messages diffusés sur les réseaux sociaux, incité la population à l’insurrection et tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État », a confirmé une source judiciaire à notre contre confrère Togoscoop.
À l’issue de cette présentation, elle a été placée sous mandat de dépôt. En l’attente de lui trouver un lieu de détention, la sage-femme retourne cependant dormir ce soir au SCRIC, informe le confrère.
