Coopération militaire : le Parlement russe ratifie l’accord avec le Togo

C’est une nouvelle étape dans la diplomatie sécuritaire du Togo. Le mardi 7 octobre 2025, le Parlement russe a officiellement ratifié l’accord de coopération militaire signé avec la République togolaise, consacrant ainsi une alliance stratégique entre Moscou et Lomé. Cet accord, désormais doté d’un cadre juridique formel, marque un tournant dans la politique de défense du Togo, qui cherche à diversifier ses partenariats à l’heure où le continent africain redessine sa carte des influences militaires.

Le texte, adopté à la Douma d’État à Moscou, définit avec précision les modalités de financement, les conditions d’exécution des missions conjointes, ainsi que les mesures de protection des informations confidentielles. Il prévoit également la participation à des exercices conjoints, la formation de personnel militaire togolais, ainsi que la fourniture d’une assistance médicale gratuite en cas d’urgence. Autant de dispositions qui visent à renforcer les capacités techniques et opérationnelles des forces armées togolaises.

Cet accord s’inscrit dans une stratégie réfléchie et tout porte à croire que le Togo cherche à consolider sa résilience sécuritaire tout en maintenant une politique d’équilibre entre ses partenaires traditionnels et émergents. Le pays, confronté depuis plusieurs années à une menace terroriste croissante dans sa région septentrionale, mise sur la coopération technique plutôt que sur un alignement politique.

Cette ratification intervient dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest traverse une recomposition géostratégique majeure. Tandis que plusieurs États de la région, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), se tournent vers de nouveaux partenaires sécuritaires, le Togo poursuit une ligne diplomatique singulière : celle de la neutralité active. Lomé privilégie le dialogue et la coopération multilatérale, sans renoncer à ses alliances traditionnelles avec l’Occident ni fermer la porte à de nouveaux acteurs eurasiens.

Cette approche traduit la doctrine de stabilité pragmatique défendue par le président Faure Essozimna Gnassingbé, qui prône une politique étrangère équilibrée, axée sur la sécurité nationale, la stabilité régionale et la souveraineté stratégique. Sous sa gouvernance, le Togo s’est imposé comme un médiateur reconnu dans plusieurs crises régionales, tout en modernisant son appareil sécuritaire.

Du côté russe, cette ratification s’inscrit dans la stratégie d’ancrage progressif de Moscou en Afrique de l’Ouest. Après des accords similaires signés avec le Cameroun, São Tomé-et-Príncipe ou la République centrafricaine, la Russie étend ainsi son réseau de coopération militaire sur le continent. Dans un contexte international marqué par la compétition d’influence entre grandes puissances, l’accord avec Lomé témoigne d’une volonté de renforcer les liens avec des États africains stables, perçus comme des partenaires fiables.

À moyen terme, ce partenariat pourrait déboucher sur des programmes conjoints de formation, des échanges d’expertise technique, et un renforcement logistique des forces togolaises, notamment dans les zones sensibles du Nord. L’objectif affiché est d’accroître la capacité d’autonomie opérationnelle du Togo face aux menaces transfrontalières et aux défis sécuritaires multiformes.

Pour Lomé, cette coopération illustre une diplomatie d’ouverture maîtrisée, fidèle à la ligne qu’elle s’est fixée depuis plusieurs années : travailler avec tous, sans dépendre d’aucun. Une stratégie qui, jusqu’ici, a permis au Togo de préserver son équilibre diplomatique et de renforcer son rôle de pivot de stabilité au cœur de l’Afrique de l’Ouest.

Si la portée concrète de cet accord se mesurera dans les mois à venir, son adoption par la Russie consacre déjà une réalité nouvelle : Lomé assume désormais pleinement sa place dans le jeu des puissances, tout en veillant à garder la main sur sa trajectoire sécuritaire et souveraine.

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