Morts d’hommes, rage de chiens… : que se passe-t-il vraiment dans les plateaux ?

L’alerte est désormais maximale dans la région des Plateaux au Togo, où plusieurs personnes ont trouvé la mort après avoir été mordues par des chiens soupçonnés d’être porteurs de la rage. Le Gouverneur de la région, le Général Dadja Maganawe, a publié un communiqué officiel en date du 23 juin 2025 pour tirer la sonnette d’alarme, confirmant que la situation est devenue critique et exige une réaction immédiate.

La rage, maladie virale aussi ancienne que redoutée, revient hanter les localités de cette région du sud-est du pays. Des cas confirmés ont été enregistrés dans les préfectures de l’Ogou, de Haho, d’Amou, de Kpélé, du Moyen-Mono, d’Anié et de l’Est-Mono. Selon les informations contenues dans le communiqué, les morsures proviennent principalement de chiens errants, souvent non vaccinés et livrés à eux-mêmes. Dans plusieurs de ces cas, les victimes n’ont pas été conduites à temps dans les structures sanitaires ou n’ont pas reçu les soins antirabiques appropriés.

Cette résurgence meurtrière met en lumière les failles persistantes dans la gestion sanitaire des animaux domestiques et la prévention des zoonoses au Togo. En milieu rural, comme c’est souvent le cas dans les Plateaux, les chiens errants échappent fréquemment à tout contrôle vétérinaire. Par négligence ou ignorance, la vaccination annuelle recommandée contre la rage est rarement respectée, accentuant ainsi les risques de transmission à l’homme.

« La rage est une maladie neurologique grave et presque toujours mortelle une fois les symptômes apparus », a rappelé le Gouverneur Maganawe. « Elle se transmet à l’homme par morsure, griffure ou léchage par un animal infecté. » Dans un contexte où les infrastructures sanitaires restent limitées, notamment dans les zones enclavées, l’accès aux soins préventifs ou curatifs est loin d’être garanti pour les populations rurales. Et pourtant, la solution est connue : la vaccination annuelle des animaux de compagnie, combinée à une réaction rapide en cas de morsure, peut prévenir les décès.

Le communiqué du Gouverneur appelle à la mobilisation générale. Il insiste sur des gestes simples, mais vitaux : faire vacciner tous les animaux domestiques, empêcher leur divagation, soumettre tout animal mordeur à une surveillance vétérinaire stricte, et en cas de morsure, laver immédiatement la plaie avec de l’eau et du savon avant de se rendre dans un centre de santé. Ces mesures, si elles sont respectées, pourraient sauver de nombreuses vies.

Le message est clair : les autorités sanitaires ne peuvent à elles seules contenir l’épidémie. La collaboration des habitants est indispensable, de même que celle des vétérinaires, agents de santé et collectivités locales. Dans les villes comme Atakpamé ou Badou, plusieurs campagnes de sensibilisation ont déjà commencé à être relayées sur les radios locales et les réseaux sociaux. Mais dans les zones plus reculées, l’information peine encore à circuler, exposant davantage les populations.

À l’heure où le Togo renforce son dispositif national de santé, cette crise dans les Plateaux rappelle brutalement l’urgence d’une politique plus rigoureuse de gestion des animaux errants, de vaccination obligatoire et de santé publique communautaire. La rage n’est pas une fatalité. Elle est évitable. Mais pour cela, encore faut-il que chaque acteur, citoyen comme autorité, prenne la mesure du danger.

En attendant, la peur s’installe dans les foyers des Plateaux, où l’on ne regarde plus un chien errant sans crainte. Car derrière ces aboiements dans les ruelles poussiéreuses se cache peut-être un danger mortel.

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