À moins de deux semaines des élections municipales prévues le 17 juillet 2025 au Togo, l’atmosphère politique reste tendue. Alors que la campagne électorale bat son plein depuis le 1er juillet sur l’ensemble du territoire national, plusieurs partis politiques de l’opposition et organisations de la société civile appellent à une suspension immédiate du processus électoral, invoquant un climat de violence et de peur exacerbé par les récentes manifestations réprimées dans la capitale.
Dans une déclaration commune rendue publique le 3 juillet, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), les Forces Démocratiques pour la République (FDR), et les organisations Novation Internationale et Front Citoyen TOGO DEBOUT, toutes signataires de la Charte de l’opposition, dénoncent ce qu’elles qualifient de « répression sauvage » des manifestations citoyennes tenues les 26, 27 et 28 juin 2025 à Lomé. Les manifestations, qui avaient pour but de dénoncer ce que les organisateurs décrivent comme « l’instauration illégale et illégitime d’une cinquième République » à la suite du récent changement constitutionnel, ont été violemment dispersées par les forces de sécurité.
« Ces manifestations pacifiques de la jeunesse togolaise ont été violemment réprimées par les forces de défense et de sécurité, appuyées par des miliciens », indiquent les signataires du communiqué. « Nous nous inclinons devant la mémoire de toutes les personnes fauchées par la furie meurtrière de la dictature et exprimons nos condoléances les plus attristées aux familles éplorées. »
Le bilan dressé par les partis et les OSC est alarmant : « au moins sept morts, des dizaines de blessés, plusieurs personnes portées disparues et de nombreuses arrestations« . Pour ces acteurs sociopolitiques, ces événements créent un contexte totalement défavorable à la tenue d’un scrutin crédible et apaisé. « Ce climat ne saurait garantir la sérénité indispensable à une campagne électorale libre. Nous refusons d’entrer en campagne dans un paysage politique marqué par la violence et la peur », affirment-ils.
Au-delà des violences, les signataires rappellent également les nombreuses critiques formulées depuis des semaines sur le processus électoral en lui-même. Ils évoquent notamment le renouvellement partiel de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) qu’ils estiment insuffisant, au regard des nouvelles exigences liées à l’instauration d’un parlement bicaméral. Une réforme en profondeur du cadre électoral est, selon eux, un préalable incontournable pour garantir transparence, équité et légitimité.
Dans cette perspective, l’ANC, les FDR et leurs partenaires réitèrent l’appel lancé le 16 juin dernier pour une suspension immédiate du processus électoral. Ils demandent une enquête internationale indépendante sur les violences de fin juin, en vue de poursuites judiciaires contre les auteurs, leurs commanditaires et complices. Ils en appellent également à la conscience républicaine des autres acteurs politiques et de la société civile pour soutenir l’idée d’un report sine die des élections municipales, le temps de résoudre les tensions politiques actuelles, mais aussi les dysfonctionnements techniques et juridiques du processus électoral.
